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Le chant des Peupliers
Le Chant des Peupliers
Chapitre 1
L’Ecluse
- On la fait ici notre maison, ou dans la pâture du moulin ?
-Au moulin, elle sera plein sud et ici plein nord
-Quelle importance, il nous suffira de faire le tour ; nous avons la rivière, les bois et la cascade.
-Oui mais ici, nous sommes isolés du village ! Et il n’y a pas d’eau, pas d’électricité !
-Ma grand- mère a vécu comme ça toute sa vie, tu sais,
-Oui mais c’était avant, et tu n’es pas ta grand-mère, mais sa petite fille…
-Avant ou maintenant, tu vois une grande différence, la vie c’est toujours pareil.
-Tu vas où ?
-Sur l’écluse
-C’est dangereux
-Mais non, tu as toujours peur de tout toi !
-J’ai pas peur, mais on m’a dit de ne pas y aller
-Eh bien, n’y viens pas…
J’aimais beaucoup regarder au loin en étant montée sur les piliers en pierres, cela me donnait une importance bizarre, l’eau se déversait avec force dans le gouffre ; ma mère prétendait que si on avait déposé l’église, on n’y verrait pas le clocher, tant c’était profond, et cela me donnait des frissons de peur. Mais c’était agréable.
L’écluse était très rustique, un rideau de bois encadré dans un fer épais, était maintenu par une crémaillère rouillée.
Franz était resté assis dans le pré, je suis redescendue pour trouver une branche solide.
- Que vas-tu faire ? me demande-t-il
-J’ai besoin d’une pièce de bois, je vais te montrer quelque chose.
Je la trouvais vite, et remontait sur le muret, je levais à l’aide de mon outil de fortune les dents de la crémaillère, normalement pour faire cela il y avait une manivelle, mais le garde ne la laissait jamais, je dus m’y reprendre à trois fois pour y arriver, le rideau tomba d’un coup sec, j’étais contente de ma réussite, mais je savais pas comment le remonter ; Franz se moquait de moi
- Et tu fais comment maintenant ?
-Je n’ai pas la manivelle, je n’y arriverais pas
-Si le garde arrive, tu vas en entendre de toutes les couleurs….
-Je vais me sauver avant,
Je sautais dans le pré, et nous partîmes en courrant jusqu’à la barrière en fils barbelé, que nous fermâmes comme toujours, car si nous étions des garnements, nous respections les fermetures, pour le souci des animaux et de leurs propriétaires.
- On remonte vers le mont Théles ou par les écoles ?
-J’ai pas envie de croiser l’instituteur, ni d’être vus ensemble par ma marraine, on repasse par le château, c’est plus sur
L’endroit ou nous étions s’appelle ‘ les creuses’, il y a trois chemins pour y accéder,à notre droite par le bois des sorcières ‘ bois des chorchelles’ dans notre patois, ‘bois des sorcières’ en face en longeant sur deux kilomètres les terres du baron, que borde également la rivière, nous arrivons derrière le château,et la ferme Massart, qui est plus vieille demeure du village, et à gauche, on peut remonter en escarpant, le chemin qui mène au carrefour de la croix ; l’endroit le plus haut du village,où se trouve la maison natale de ma mère.
- Savais-tu que le baron avait dévié la rivière ?
- Comment ont-ils fait ? Questionna Franz
- Tu sais avec des sous, on fait tout ce qu’on veut,
- A partir de où ?
-A partir du passage à gué à coté du château, ils voulaient que la rivière passe sur leur domaine,
-Pourtant, toutes les terres leurs appartiennent !
- Oui, mais il voulait que la rivière passe au bout de leur pelouse, pour faire joli, et il ne voulait pas abattre certains arbres ni toucher au petit bois.
- Comment tu sais tout ça ?
-le grand père de mon père Henri Verdin est mort ici en abattant un de ces arbres, l’érable n’est pas tombé comme ils voulaient, et les hommes ont sauté dans la rivière en plein mois de janvier, il faisait très froid, ils étaient en sueur ; et son cœur n’a pas résisté. Apres plusieurs jours de fièvre, il est mort. Je suis allée au château, et Monsieur Yves, le fils du baron m’a confié un livre très ancien, qui raconte toute l’histoire d’Erny.
- Tu l’as lu en entier ?
-Non pas encore, je suis à peine au quart, c’est écrit d’une drôle de façon, il faut déchiffrer mais tu sais qu’ici vivait un ermite, il y a longtemps, il mangeait des baies, des racines, parfois les villageois lui déposaient de la nourriture, mais personne ne le voyait.
- Crois-tu qu’il vit encore ?
- Impossible, c’est trop vieux, mais il y a des gens qui prétendent avoir vu son fantôme.
-Ca n’existe pas
- Je n’ai pas dit que c’est vrai, mais il parait que si on s’installe sur la planche qui traverse la rivière, on entend ses chaînes… on y va ?
- Je sais que ce n’est pas vrai, alors, on y va je n’ai pas peur.
Nous avons enlevé nos chaussures, et, assis sur la traverse de bois, les pieds dans l’eau fraiche, nous attendions notre homme en riant. Tout à coup des bruit se chaînes se firent entendre, alors récupérant nos bottines, nous sommes partis en courant sans demander notre reste.
Après cinq cents mètres, et à bout de souffle, nous nous sommes arrêtés,
- Alors, tu vois bien que mon histoire est vraie !
- J’ai eu trop peur, mais il ne faudra rien raconter, car sinon ils vont savoir que c’est nous qui avons fait fermé la vanne.
-C’est pas nous, c’est moi
- Toi ou moi c’est pareil puisqu’on est fiancé. »
Je le regardais, j’étais fière et contente de cette affirmation. Bientôt, nous arrivons au petit bois derrière le château, le petit bois de perce-neige, par chance nous n’avons rencontré personne, après être passés devant le parc, nous retrouvons la route goudronnée du marais ; c’est là que nous séparons sur le pont ‘Bayard,’ Bayard, dit Pierre de Terrail, le chevalier sans peur et sans reproche qui est passé sur le pont d’Erny-st Julien lors de la bataille des éperons qui eut lieu en Enguinegatte vers les années 1515
-tu sais nous sommes comme Bayard, et il a dit je n’ai jamais tourné le dos à l’ennemi.
-Oui mais le roi François 1er Cappe de Baillon, il ne va pas être heureux de nous, sans reproche hum hum…
-Je croyais que c’était Marignan 1515 ?
-C’est où Marignan ?
-Dans le pas de Calais sans doute prés d’Azincourt.
-Je ne sais pas non plus où se trouve Azincourt.
-Quand nous serons grands, nous aurons une carte de France ; Enguinegatte je sais où c’est mais le reste non.
Franz habite sur le chemin du calvaire, et moi je dois traverser tout le village, ma maison se trouve être la dernière à gauche, vers Enquin les mines. Au loin, une église se mit à sonner le tocsin, certainement à Bomy vue la direction, nos regards inquiets confirmaient bien les craintes grandissantes à fur et à mesure que la journée se terminait.
Sur le bord de la route un fermier qui ramenait ses vaches, discutait avec Marcel le maréchal ferrant
- C’est bien la première fois de ma vie que je vois la rivière à sec au mois de mars, disait –il
-A tous les coups, c’est encore le moulin de Bomy qui a bloqué sa roue.
-J’en sais rien mais mes vaches ont point bu, et j’ai besoin d’arroser mes plants ce soir ; au moulin, ils s’en moquent ils ont de l’eau gros comme ces chutes des Niagara, c’est que nous la haut l’eau du puits, elle n’est pas tout près.
-Bah, d’ici une heure, elle sera revenue ! »
C’est vrai, que la rivière était à sec, et nous commencions à comprendre que c’était de notre faute ; Franz rentra chez lui et moi je pris le chemin de ma maison.
Ma mère tricotait sur sa nouvelle machine, c’est à peine si elle releva la tête de son travail, j’allumais la lumière de la cuisine, et elle remarquait en souriant, qu’effectivement, elle y voyait beaucoup mieux. M’asseyant à la table, je commençais à faire mes devoirs.
Le lendemain matin, comme à l’accoutumée, à huit heure trente nous étions prêts mon frère et moi à partir à l’école ; nous ramassions tous les enfants de la rue pour faire route ensemble. Arrivés chez Michel Derollez à l’épicerie, je prenais la rue d’en bas pour rejoindre Frantz, un regard furtif nous fit comprendre notre complicité.
Dans le village, on ne parlait plus que de ça, la rivière à sec, et le village de Bomy inondé…les langues allaient bon train, on parlait de complot, des fermiers jaloux, l’équipe de football qui se vengeait, certains allaient même à reparler de dénonciations de la guerre de trente neuf,quarante cinq ;les politiques s’en mêlaient. Devant ce tableau d’incompréhensions totales, et sans même se concerter, Frantz et moi avons décide le silence, monsieur Vanille notre instituteur, nous fit la leçon matinale de morale sur le sujet : la franchise, j’avais l’impression d’être
la cible de ses réflexions, je n’osais pas relever les yeux de peur qu’il ne s’aperçoive de mon trouble.
A midi, l’abbé Dubreucq nous attendait, il voulait que l’on donne une information dans les maisons, nous avions chacun, notre secteur ; une seule messe sera donnée dimanche matin à dix heures, pour les gens d’Erny et ceux de Bomy à l’église d’Erny. Les enfants contents d’avoir une mission s’envolaient telle une volée de moineaux ; je restais enfin seule avec Franz contente de pouvoir enfin exprimer mes angoisses.
« Qu’est ce qu’on va faire ?
- Rien répondit il, on ne peut rien faire .On aurait le dire tout de suite, maintenant c’est trop tard, et ça prend beaucoup trop d’importance. Je ne tiens pas à me faire disputer,
- Moi non plus, mais ça m’embête fort, car à cause de ça des tas de gens se disputent
- Quand ils en auront assez, ils s’arrêteront, la rivière c’est l’excuse pour mettre de vieilles querelles en route.
-Samedi, j’irai en parler avec l’abbé, il saura me dire ce que je dois faire.
-J’irai avec toi. »
Sur ce, nous avons repris notre route chacun de son coté, je me sentais mieux d’avoir pu en parler. Gilbert l’ouvrier de mon père arrivait au débit de tabac en bicyclette, je l’attendait et nous sommes rentrés manger ensemble, moi assise sur la barre, j’étais toujours fière de traverser le village avec lui,il m’avait surnommer Sophie parce qu’il disait que dans le livre de la comtesse de Ségur j’aurais pu être l’héroïne avec tous mes malheurs. Il avait le même age que ma sœur, peut- être deux années de plus, et j’avais bien remarqué qu’il était amoureux d’elle, mais elle ne pensait qu’à son jeune commis boucher Victor, qui promenait dans le village avec son panier en osier pour distribuer les commandes de viande ; il ne savait même pas dire ‘ bonjour ’ mais ‘ bonjure ’
Gilbert habitait Greuppe, et il lui fallait traverser Bomy pour venir travailler ; je lui demandais
« Tu n’as pas eu trop de mal ce matin, pour venir en vélo ?
-eh bien si, tu parles j’arrive à toute vitesse et en bas de la côte cinquante centimètres d’eau, tu aurais vu ma tête surtout qu’il n’a pas plu une seule goutte ; j’ai du remonter par Beaumetz et passer par Cuhem, j’étais heureux, tu peux me croire !ton père n’était pas contente de me voir arriver en retard comme si j’y pouvais moi !
-Suis désolée
- Ce n’est pas de ta faute Sophie va et puis j’en suis pas mort, me regarde pas catastrophé comme ça. »
A midi, à table nous ne parlions que de ça, chacun en rajoutait, et de vieilles choses se disaient.
Enfin le samedi arriva,
- Je dois aller à confesse dis je à ma mère
- Pourquoi ? qu’as-tu fait ?
- Rien mais l’abbé a dit que les enfants qui communiaient cette année devait y aller pour préparer la pâques alors…
- Ne traîne pas tard, Claude va aller avec toi,
- Non répond Claude moi j’y vais pas, je n’ai pas entendu ça, et puis j’ai rien à lui dire.
- Tu vas encore te faire disputer, reprit maman
- Il peut toujours dire, je ne l’entends pas. »
Dans l’église froide et sombre, quelques femmes vêtues de noir priaient silencieusement, je me suis installée au fond près du confessionnal attendant que tout le monde soit sorti .Frantz n’était pas là, je m’y attendais .Quand ce fut mon tour, je demandais à l’abbé s’il voulait bien sortir car je ne savais pas lui parler derrière cette grille de bois, trop émue, la gorge serrée. Il refusa.
- J’ai une chose grave à vous dire, et les mots ne venaient pas ; j’avais un gros nœud dans la gorge, l’abbé sortit de sa cabane de bois.
- Que se passe t il ? Je t’écoute
- C’est moi qui ai noyé le village de Bomy,
- Toi ?
- Oui j’étais à l’écluse, et j’ai voulu montrer comment on bouge la crémaillère, et le panneau est tombé ; je ne savais pas comment faire pour le relever, alors je me suis sauvée.
- Tu étais seule, pour faire cette action ? ….. Avec Claude ?
- Je n’étais pas seule, mais Claude n’était pas là
- Qui était avec toi ?
- Franz, … mais il n’y est pour rien, c’est moi toute seule, il n’est même pas monté sur l’écluse.
-Alors là, toi, tu m’embouches un coin, j’ai pensé à plein de gens mais j’étais loin d’imaginer que ce pouvait être toi.
- Vous allez me dénoncer ?
- Je ne dénonce personne, ………. tu vas rentrer chez toi, il est tard, n’oublies pas tes prières ce soir ; allez va, me dit –il en me chiffonnant la tête.
Dehors Franz m’attendait.
- Alors ? Tu lui as dit ?
- Oui
-Que va- t-il faire ? Qu’a –t-il dit ?
-Je ne sais pas, il m’a dit de rentrer. »
- Ah, tu es là, toi, eh bien ramène là jusque chez elle, elle a l’air toute chose, dit le curé en nous voyant.
Sur la route, nous ne disions rien, nous avions l’air de deux coupables traqués.
Le lendemain, l’église était pleine, Franz comme d’habitude servait comme enfant de choeur, le début de messe fut rondement expédiée, et l’abbé dans sa chaire prit un ton solennel pour expliquer, que le coupable était venu avouer en confesse, que faute avouée était moitié pardonnée, que loin de penser à des règlements de comptes, il s’agissait d’une personne très innocente, qui n’avait pas mesuré la gravite de son acte, il revint plusieurs fois sur l’innocence, puis il termina son sermon en espérant que chacun reviendrait sur des bons sentiments, et expliquant que son rôle de curé l’empêchait de donner le nom, que la confession était protégée donc confidentielle.
La messe terminée, chacun reprit le chemin de sa maison, je restais assise sur le banc, attendant que l’abbé revêt ses habits de simples mortels.
- Qu’est ce qu’il y a encore ? demanda-t –il fatigué en me découvrant là
-Eh bien, plusieurs fois, vous avez parlé du pauvre innocent qui a commis l’acte, et…. en ce moment, Jean –Marie Vétu le berger garde ses moutons’ aux creuses’, si jamais, les gens de Bomy s’imaginent que c’est lui, il va dérouiller .
- Nom de Dieu, je n’ai pas pensé à ça ! Viens avec moi, conduis moi là ou il est. »
Il n’a jamais conduit aussi vit sa deudeuche, malgré le chemin cahoteux.
Le chemin le plus court, à pieds qui relit Bomy à Erny passe forcement par les creuses, et nos hommes étaient là bâtons et fourches très en colère prêt à lyncher notre pauvre berger, l’abbé est sorti de sa voiture, tel un diable, tant il semblait en colère.
- Arrêtez, arrêtez, il vint se poser devant Jean –Marie comme un bouclier,
- Reculez-vous l’abbé, dit un homme, nous devons le corriger comme il se doit,
- Mais enfin, ce n’est pas lui, êtes- vous devenus fous ? »
Le pauvre berger se demandait ce qu’il lui arrivait, il était livide.
-Vous êtes tous des mécréants, je vous chasse de ma mémoire, si un seul d’entre vous touche un cheveu de cet homme, je ne réponds plus de moi.
-Faut nous excuser l’abbé, si nous nous sommes trompés, faut dire que tout portait à croire que c’était lui l’idiot du village qui avait fait cette gravité.
- Non, ce n’est pas lui, je vous en donne ma parole, ça vous suffit ? Non ?
-Pourquoi êtes vous venus le défendre, si ce n’est pas lui ?
- En route, j’ai pensé que mes paroles pouvaient être mal interprétées, c’est pour ça que je suis venu .La personne qui a commis l’acte grave n’est pas un homme.
-Vous voulez dire que c’est une femme ?
-Oui.
-Ah, bin si maintenant on doit aussi se méfier des femmes !!
-Allez rentrez chez vous, c’est le mieux que vous avez à faire. »
Les hommes reprirent la route, et l’abbé poussa un soupir de soulagement.
- Merci Monsieur le curé, sans vous, j’étais mis en miettes, surtout que c’est vrai, j’y suis pour rien de ce qui s’est passé, c’est vrai que c’est une femme qui a fait ça ?
-C’est moi, avouais-je en avançant timidement alors que les bras de l’abbé se posaient sur mon épaule.
Nous sommes rentrés dans le village silencieusement, l’abbé allait rentrer sa voiture quand je lui dis
- Là, je vais me faire tirer les oreilles, vue l’heure, enfin….on ne pourra même pas leur dire que c’était pour une bonne cause, je suis réduite à souffrir en silence. »
Le brave homme consentit à me ramener à la maison en soupirant.
- Dit- donc, tu as vu l’heure, me demanda ma mère à peine la porte franchie
-Ce n’est pas de sa faute, c’est moi qui l’ai retenue, vint à mon secours l’abbé, nous avons regardé les livres, et elle eu du mal à choisir celui que je veux lui offrir pour sa communion, enfin voilà, nous sommes là…
-Oh pardon, eh bien monsieur l’abbé, je ne vous avais point vu, fallait pas vous donner cette peine, resterez vous dîner avec nous ?
-Non merci beaucoup, Madame Martin m’attend, je vous souhaite bon appétit, et un bon dimanche ; n’oublies pas de passer chercher ton livre cette semaine !
L’affaire était close .Je raccompagnais l’abbé à sa voiture, et en le remerciant je lui fis remarquer, qu’il avait menti lui aussi, et qu’il serait obliger d’aller se confesser, mais je ne savais pas à qui il pouvait bien le faire. En me tirant l’oreille, il m’avoua que parfois on devait mentir dans la vie, que l’on appelait ça un pieux mensonge.
- vous arrangez bien vos salades….
Il souriait, et cela me réconforta car il en avait eu bien peu l’occasion depuis ce matin.
Les violettes
Matin de mars, nous ramène les violettes, avec Anne –Marie, nous en avons cueillie de gros bouquets, j’en rapporte un à ma mère, elle adore les fleurs.
-Si nous les portons au château, nous aurons des images,
C’est Monsieur Bernard, le vieux châtelain qui nous ouvre, il est risible, il fait passer ses chaussettes au dessus de ses pantalons, ça lui donne un air de poulet déplumé. Il appelle sa vieille mère ou sa femme madame Estelle .Elle est toute contente de nous voir, elle nous demande nos prénoms, mais je ne suis pas sure qu’elle sache qui nous sommes ; je crois qu’elle s’en fou, elle accepte nos bouquets et nous fait choisir des images ; j’ai presque envie de reprendre mes fleurs et de lui laisser les images. Je ne sais quelle sorte de sentiments s’emparent de moi à ce moment là, mais je sens de l’injustice désormais je trouverai une autre personne.
Sur un banc recouvert de cuir noir, elle étale les images pieuses.
- Excusez-moi, mais je garde un bouquet, elle en avait déjà trois…
- Pour qui donc ?
- Pour ma grande –mère Hénaut
-C’est bien, c’est bien brave enfant dit elle ; là, je sus qu’elle n’en avait rien à faire de nous ma pauvre grande –mère Henaut était décédée en 1954 ; alors que j’avais onze mois.
En sortant, Anne-Marie me regardait avec un air perplexe,
-Tu n’as que deux images me dit elle
-C’est rien ça, des images, j’en aurais toute ma vie, elle veut des violettes toute fraiches qui sentent bon ; elle n’a qu’a aller les cueillir elle-même.
- Tu es en colère pourquoi ?
-Elle nous demande qui on est, et là je lui dis que je porte de fleurs à ma grande –mère elle me dit bien brave, laisse tomber, elle n’en a rien à faire de nous.
Nous discutions sur la route du marais, quand une petite voix venue d’un jardinet nous interpella
-c’est qui c’est jeunes filles sur la route ?
-Les filles Pauchet et Verdin ai-je répondu, vous aimez les violettes ?
-Oh oui beaucoup, ça sent si bon dit elle, es-tu la fille de Zulma ?
- Oui et Anne Marie c’est la fille de Madeleine Thélier.
-Ah, bien je les connais toutes les deux vos mères.
Je franchis le portillon et arrivée à sa hauteur, je lui mis les fleurs sous le nez, elle eut un geste de surprise, elle me chercha avec les mains,
- Je ne vois pas tu sais, dit elle
Je mis les fleurs dans ses mains, elle les porta à son nez
-Oh oui ce sont des violettes, il y a si longtemps que je ne n’avais senti, merci, merci petites filles.
- On n’est pas petites affirmais je
- Oh pardon mes grandes filles »
J’avais le cœur serré, elle au moins était heureuse d’avoir ce trésor entre les mains.
-Quand j’étais petite, j’allais en chercher aussi au bord de la rivière, en montant le bois Moïse à droite.
-Comment t’appelles tu osais-je demander à cette femme aux cheveux tout blanc ?
- Catherine,
- Catherine qui?
-Catherine Laloy, enfin, Catherine Huguet
-Pourquoi, tu ne vois plus clair?
-J’étais couturière, j’ai du user mes yeux…
Je m’approchais d’elle et lui fis un baiser sur la joue, j’étais heureuse de lui offrir mes violettes.
-Tu reviendras mon petit ?
-Oui promis et à chaque fois avec des fleurs nouvelles, tu auras intérêt à les reconnaître…. »
C’est ainsi que je fis la connaissance de mon amie Catherine, et je ne manquais pas d’y passer chaque fois que je le pus, à son grand bonheur ; elle avait toujours une surprise pour moi. Elle eut droit aux primevères, au coucou
bleus, aux marguerites enfin toutes les fleurs à leur saison. Et chaque fois elle et moi devenions de plus en plus amies.
Ce n’est pourtant pas carnaval
Le mois de mars se terminait avec la fête de Pâques, ce vendredi le précédant, nous prenons l’autobus pour nous rendre à Aires sur la Lys afin d’acheter des vêtements ‘ du dimanche ‘pour ma mère, ma sœur, mon frère et moi. Monter dans cet autocar n’est pas chose courante, et cela fait de la journée un événement extraordinaire ; la ville se trouve à douze kilomètres, et passant par tous les villages avoisinants, ce trajet nous prend bien une petite heure. Claude fut le premier à être habillé de neuf, lui aussi, faisait sa communion solennelle, nous n’avions que seize mois d’écart d’age, et ma mère avait dû demander une dérogation pour que je puisse communier en même temps que lui, ce qui n’était pas du tout à mon goût, car je ne me trouvais pas avec les enfants de mon age et donc pas avec Frantz. Les garçons portaient une tenue sobre, une culotte courte, une chemise avec nœud papillon ou cravate, et un blazer souvent bleu foncé ou noir. Puis ce fut le tour de ma sœur, tailleur blanc, chapeau blanc, chaussures blanches sac à main …blanc évidement. Ma sœur est une jeune fille très coquette, chevelure brune, courte, permanentée et toujours bien coiffée, elle s’habille avec beaucoup de goût, et cela plait beaucoup à ma mère. Ma mère en profita pour s’acheter un chapeau neuf, et eut l’idée géniale de m’en offrir un. Je refusais, mais elle insista : une jeune fille ne devait pas entrer à l’église sans être couverte ; je refusais encore mais avec la marchande, à trois contre moi je perdis vite la face. Le chapeau fut rose, pourquoi pas un bleu à Claude ? Il était horrible, et ressemblait à un pot de chambre à l’envers l’anse en moins .Je me dis que cet achat était pure perte, mais je cessais de me débattre. Le costume fut choisi en vue et au ton du chapeau, Rose ! Je ressemblais à un malabar ‘bonbon chewing-gum’.
J’avais aussi un magnifique sac à main rose, agrémenté d’une chaîne or pur toc. Je voyais déjà les railleries de mes camarades, mais que faire qu’en on a dix ans et cinq mois ? Rien, donc, je ne fis, ni ne dis rien, et je pensais c’est pourtant plus carnaval…
Le seul petit bonheur de cette matinée, fut de recevoir un petit pain au lait .En remontant dans l’autobus, nous étions derrière une femme d’Erny vêtue d’un pull trouée, et dû entendre les réflexions pourtant basses de ma mère, car elle se tourna vivement et me dit en riant, tu vois petite, mon pull est si effiloché pour pourrait y accrocher toutes les louches ‘ d’Arny ’
Angélus
Chaque soir, à l’heure ou la nuit s’avance, un enfant de cœur, passe dans les rues en criant angélus, et en activant en objet en bois qui fait du bruit, si c’est Franz ,je le reconnais de suite, et j’en profite pour aller chercher le lait chez Madeleine T ;c’est pratique, il fait nuit et personne ne peut nous voir. Et la nuit permet aussi des audaces, car un soir, planqués dans l’ébrasement de la porte chez Bouche, il a osé m’embrasser,
- Je pense à toi tout le temps me dit il tendrement.
-Marie-Françoise t’a laissé partir ?
-Tu sais bien, que quand c’est pour l’église, elle ne dit jamais non.
-Elle aurait pu être bonne sœur…
- Et toi ? T’as l’intention d’être bonne sœur aussi ?
- Oui, oui j’y pense…. »
La veille de la paques, les enfants de cœur, munis de leurs crécelles ramassaient des œufs dans toutes les maisons du village, nous n’avions pas de poules, alors ma mère donnait une pièce en compensation. C’est la première fois que Franz entra dans notre maison ; et tous les enfants les escortaient mais ils restaient dehors. Je fus autorisée malgré l’heure tardive, à rejoindre les autres gosses à leur suite. Je n’étais jamais rentrée dans la salle du presbytère, j’étais impressionnée de voir que notre curé vivait dans une maison aussi propre, on se voyait en miroir dans le parquet en bois ciré. Seuls quelques enfants avaient eu le privilège d’y rentrer ; et lorsque les garçons eurent remis leur butin d’œufs au prêtre, il me dit :
- Restes là toi, j’ai quelque chose à te donner.
Chose promise, chose due, il m’offrit un superbe livre rouge, relié or, ‘La petite Sœur D’Hector Malot’ ; je tendis ma joue pour l’embrasser, le remercier, je vis dans ses yeux embrumés, une grande tendresse. Le cadeau était autant dans celle- ci que dans le livre. J’avais bien du mal à comprendre pourquoi mon père pourtant si proche de moi, était récalcitrant à la tendresse, et cet homme si seul qui en avait tant besoin .Ces choses là, les enfants le ressentent mieux que quiconque. Je me souviens avoir touché sa main en lui disant mentalement, allez ça va aller…comme si j’avais su le grand tourment qu’il avait dans sa pauvre tête.
En sortant, je vis Franz qui m’attendait,
« Qu’est ce que c’est ?
- Un livre
-Je le vois bien, mais pourquoi t’a-t-il donné un livre ?
- Parce que j’ai inondé Erny
- Si un jour j’arrive à te comprendre, les poules auront des dents…
Hier soir, marraine est passé, elle a le ventre si rond, qu’elle pourrait rouler en boule ; je n’ai jamais vu une femme si heureuse d’attendre son enfant. Nous l’avons surnommée ‘ Roger bon temps, ’ Marthe ma cousine a trois ans moins que moi, c’est une enfant sage, marraine l’a coiffée d’une queue de cheval, Marthe accepte, ça ou autre chose pour elle c’est pareil. Marraine est passée en estafette, mon oncle est représentant en produits ‘ nourritures pour les animaux ’ de la ferme. Grand et sur de lui mon oncle, est un homme sévère, il a une haute opinion de lui et fort peu pour les autres. Marraine c’est tout le contraire, c’est un cœur en puissance, Marraine c’est mon adoration, j’aurais voulu lui ressembler, forte, sure d’elle, plein d’amour pour les autres, et tellement peu pour elle. Marraine accepte des conditions de vie que fort peu de femmes auraient acceptées, mais le pire, c’est que cette vie lui plaisait, je peux le dire aujourd’hui. Marraine et ma grande –mère. Copie conforme !!!
Vacances en ville !!!
Le frère de maman est arrivé ce matin de dimanche, pour le repas ; c’est le plus jeune des ses frères Jacques, sa femme Marie-Madeleine et son fils Didier. Ils vivent à Marcq à quatre vingt kilomètres d’Erny dans un lycée, mon oncle est agent du lycée .A peine arrivé, Didier troque ses habits du dimanche contre une culotte courte d’aventurier, et nous partons au moulin, je lui fais connaître tous mes secrets, ma cabane, mes nids à condition bien sur de jurer de garder le secret. Nous nous entendons super bien, il rigole tout le temps, il n’est pas méchant.
- La semaine prochaine, c’est les vacances, tu devrais demander pour rester avec nous, et après, moi je repartirais avec toi une semaine, on pourra faire plein de choses
-Génial, mais est- ce qu’ils vont vouloir ?
- A nous d’être très convaincants, je me charge d’en parler à ton père »
Gagné, nous avons réussi, suis très forte à ce jeu là, j’ai parle du passé, du bonheur qu’il avait eu lui d’être jeune Erny, et que moi je ne connaissais pas la ville enfin…
Une semaine à faire des barrages sur la rivière, des cabanes, à courir dans les bois, il me restait cinq franc, je lui ai offert un couteau de survie, et nous avons achète des allumettes et des pétards. Tantôt, nous étions Josh Randal, Ivanhoé, Thierry la fronde mais Didier préférait être Lagardère, chez lui il y avait une télévision alors il connaissait les feuilletons par cœur. Moi, la télévision, j’allais la voir uniquement le jeudi après midi chez Alain Brocquet, le cousin d’Anne –Marie, Rintintin et le caporal Rusty. Nous avons fabriqué des épées de fortune avec deux morceaux de bois croisés, liés avec une ficelle La semaine passa vite, et j’étais impatiente de partir en vacances en ville, je narguais mon frère sachant bien qu’il n’aurait jamais osé quitter sa moman….
Didier habitait au cinquième étage, dans un bâtiment de fonction, l’appartement était très propre, on marchait à pieds nus, le carrelage était tellement brillant qu’on pensait, qu’il était mouillé !
Chez Didier, on buvait du jus de pomme, et le lait était dans des bouteilles en verre. La nuit, il faisait clair, les rues étaient éclairées et il passait beaucoup de voitures, je me demandais où allaient tous ces gens, à Erny, nous avons trois voitures, mon père le maire et l’instituteur, évidement cela ne faisait pas pareil, surtout que nous ne sortions que le dimanche pour aller promener ou à la mer.
Le Lycée était fermé pour les vacances et lorsque mon oncle y travaillait, il rangeait, nettoyait, arrangeait des trucs cassés ; pendant ce temps, Didier et moi faisions de la récupération de fournitures scolaires, c’est fou ce qu’on trouvait, notre instituteur aurait été malade de voir le manque de soin des élèves. Mais qu’importe, cela faisait notre bonheur du butin à partager.
Les docks du Nord étaient le magasin pour faire les course, on prenait un petit panier, on y mettait tout ce qui nous plaisait, et pas besoin de demander, on se servait, très pratique sauf que je n’avais pas compris qu’il fallait passer à la caisse, j’étais sortie avec mes emplettes, fière de moi, quand une dame m’a coursait après ; elle était très en colère et pensait que je voulais la voler ; je dus remettre mes achats à plus tard, adieu brioche, vache qui rit, et sirop de framboise !!!
Nous sommes allés à la messe, ma tante est très pratiquante ; les gens se disent bonjour, se serrent la main, s’embrasse rien de comparable à la froideur du village, où les gens, chapeau et foulard, s’installent les lèvres pincées, sans regarder ni Pierre ni Paul. Didier et moi allons avec les jeunes dans la chorale, les chants sont gais, je ne les connais pas mais je chante quand même, j’aime bien.
Chez mon cousin, on se douche tous les soirs, même si on n’est pas sale, chacun sa coutume, à Erny, quand on a passé sa journée sur la ‘ gliçoire’, l’eau du bain est plus colorée ‘ une gliçoire : ’ c’est un endroit comme un talus en terre, au début il y a de l’herbe mais à force on se retrouve avec seulement la terre, on la dame et pour la rendre plus facile, plus glissante on y mets de l’eau : d’où le besoin de se laver le soir. Le concierge du lycée, enfin je devrais dire les, car ils sont deux, se nomment René et Hélène, Didier rentre chez eux comme si il était de la famille, évidement, je fais pareil.
« Mais, dis moi qui est cette petite ? se demande Hélène en me regardant
-C’est ma cousine d’Erny,
-Ah, la fille de Gaston ?
-Vous connaissez mon père ?
- Ah bin, si je le connais c’est mon cousin, dit René
-C’est comment votre nom ?
-René Thélier
- Comme Madeleine Thélier ?
- Bien sur, c’est ma sœur
-Quand je vais dire à Madeleine qu’elle a un frère ici…
- Elle le sait, tu penses bien, dit il en riant »
Hélène était une femme douce, sa voix était calme tout de suite je l’aimais.
Je commençais à m’ennuyer de mon village, en ville, ça attire, mais vite on s’y ennuie, mes arbres, ma rivière me manquaient. Le plus dur serait de quitter mon cousin avec qui je m’entendais très bien, et surtout lui restait seul, mais bon, il y était habitué.
Le dimanche matin, c’est mon parrain qui vient me chercher, il habite Roubaix, c’est sur la route de Marcq et comme il va sur Erny pour le week-end (déjà je parle comme en ville), c’est lui qui me ramène au bercail.
Le petit frère arrive
La fête de paques termine le mois de mars, et avril accueille Alfred, mon petit frère ; né le quatorze c’est un beau bébé. Tout le monde est heureux. Il n’est pas mon frère, mais il le devient dans mon cœur, car nous l’appelons ‘ p’tit frère ’ Marraine est heureuse, elle ne cesse d’embrasser son trésor, chose curieuse, elle lui donne le sein, et ne semble absolument gênée ; il y a des choses qu’il falloir m’apprendre, les grands mystères de la vie m’intriguent, si seulement je pouvais monter chez marraine seule, elle me les dirait elle !
Il ne nous reste que trois semaines pour préparer notre communion, et aller en retraite à Ligny les Aires ; à par la soupe aux cressons et l’abbé qui joue au football, je ne me souviens pas de ce temps important pourtant, car c’est la première fois que je quitte la maison pour dormir chez des étrangers.
La veille de ma communion, Je découvre avec angoisse que je perds du sang, ma tante Gabrielle atteinte d’un cancer perd aussi du sang, j’entends bien qu’elle va mourir, les parents pensent pas toujours aux petites oreilles qui traînent Je pars au moulin, j’ai besoin de me sentir seule, et c’est là où je suis le mieux ‘Mon moulin,’c’est un paradis, comment le décrire ? Une petite ferme très basse, composée de deux pièces entourées de rivière et de forêts, il y a une jolie chute d’eau, le cours ne passe plus hélas sur la vieille roue, mais le chant de sa cascade me rassure toujours.
J’étais assise sur ma vieille pierre, la tête dans mes rêves seule au monde, avec mes oiseaux et mes arbres ; quand l’abbé est venu s’asseoir près de moi, je ne l’avais pas entendu arriver.
- Tu as l’air bien triste, la veille de ta communion ?
- Je ne suis pas triste, je vais mourir…
- Tu ne sembles pas malade, qu’est ce qui te fait penser que tu vas mourir ?
-Je ne peux pas vous le dire
- ah bien sur, tu as le droit de garder le secret, mais tu sais parfois ça fait du bien de se confier.
-Ma tante Gabrielle perd du sang, elle a un cancer, je sais qu’elle va mourir, j’ai entendu ma mère le dire.
-O je sais cela, mais quel rapport avec toi ?
- Moi aussi, je perds du sang avouais-je enfin. J’ose même plus penser à mettre mon aube demain, de peur de la tacher .Je n’ai pas parlé à personne, ça ferait trop de peine à ma mère.
- C’est pour cela, que tu es venu ici te confier à ton amie dame nature, pour trouver ton courage ?
- Oui, vous savez, je n’ai pas peur….
- Je me doute, mais tu en as gros sur le cœur !
- Oui
J’ai toujours su que cet homme me comprenait, je le trouvais bien triste aussi, je n’aurais pas du lui dire.
- Je vais t’expliquer une chose, à l’adolescence toutes les femmes perdent du sang, on appelle ça les règles, tu ne vas pas mourir ; je suis étonné que ta sœur ou ta maman ne t’ai pas expliqué ça, mais c’est vrai que tu es bien jeune, pour ta tante Gabrielle, tu as raison elle est bien malade, et elle va bientôt mourir, elle le sait et elle souffre. Il ne faut pas penser à nous, il faut savoir l’accompagner mais ça, peu de personnes savent le faire, la mort fait peur, sauf si on est confiant.
- Confiant en Dieu ?
- Oui
- Tu es confiant toi ?
- Oui
- Tu sais Dieu, il n’est pas forcement dans ton église, il est souvent ici, personne ne le voit mais ici, c’est bien, moi aussi j’ai confiance, alors pourquoi es -tu si triste ?
- Peut- être parce que j’ai peur aussi….
- Toi peur ? ça j’y crois pas , je me rends compte que je le tutoie tant pis !
- Tu sais, moi aussi, je vais partir…
- Tu vas où ?
- Bien loin, mais j’aurai toujours un regard sur toi, tu peux y compter.
- Tu vas mourir ?
- Oui
- Ce n’est pas très grave tu sais ! »
Nous ne disions plus rien, je venais de me rendre compte, que rien n’était gagné, et je crois que ce moment fut gravé dans ma tête,je venais de le tutoyer.
- Je sais garder un secret
- Oui je sais, allons, rentrons le soir tombe, et ils vont s’inquiéter de ton absence, je vais te dire une chose importante, ne l’oublies jamais garde toujours ton cœur d’enfant, durant ta vie, on se moquera de toi, on te prouvera que tu as faux, on ira même jusqu'à te dire que Dieu n’existe pas ; je serai toujours là à tes cotés, je te ferai un clin d’œil …..
- Tu seras mon ange gardien, en somme
- Oui c’est ça …. ton ange gardien ! »il me prit la main, et nous sommes remontés en silence, sous le chant des peupliers.
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021
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